
L’édition 2025 de la Swiss Art Expo s’est tenue du 20 au 24 août dans la gare centrale de Zurich, accueillant gratuitement des dizaines de milliers de visiteurs quotidiens. Parmi les artistes invités, l’artiste LEGO qargo y a présenté son œuvre The Architect of the Invisible, poursuivant un parcours déjà remarqué dans plusieurs expositions internationales.
Réalisée en LEGO®, The Architect of the Invisible est avant tout un hommage à Masahiro Hara, inventeur du QR code. Pour qargo, Hara est une figure historique comparable à Gutenberg : un visionnaire dont l’invention a profondément transformé notre rapport à la communication, à la mémoire et à la transmission. En intégrant dans son œuvre un QR code fonctionnel menant à une biographie interactive, l’artiste redonne à cette invention sa puissance originelle : celle d’un langage universel capable de relier les générations et de transmettre des histoires.
Présentée pour la première fois à Biarritz en octobre 2024, lors d’un événement consacré aux trente ans du QR code, l’œuvre avait bénéficié d’un moment fondateur. Masahiro Hara lui-même était présent, venu en France pour la première fois afin de partager le récit de son invention. Ce dialogue direct entre l’ingénieur japonais et l’artiste a marqué la démarche de qargo : chaque œuvre associe désormais une figure inspirante à un QR code qui raconte son histoire, permettant au spectateur de saisir à la fois l’objet et le récit qui l’anime.
L’usage exclusif du LEGO® distingue qargo dans le champ de l’art contemporain. Ce médium, immédiatement reconnaissable, renvoie à la fois à l’enfance et à une esthétique modulaire qui dialogue avec le pixel et le code. En choisissant de travailler avec ce matériau, l’artiste introduit une tension féconde : ce qui relève du jeu et du souvenir devient vecteur de réflexion sur la mémoire et la culture numérique.
À Zurich, The Architect of the Invisible a trouvé une résonance particulière. Installée dans la Wannerhalle, sous la sculpture emblématique de Niki de St. Phalle, l’œuvre s’est confrontée au flux quotidien de plus de 80 000 passants. Dans ce lieu de transit, l’art LEGO de qargo a pris une dimension publique : accessible, ouvert, immédiatement visible, mais porteur d’un discours critique qui invite à ralentir le pas, à scanner, à lire et à réfléchir.

Après Biarritz, Paris et Venise — où l’œuvre figurait en juin 2025 parmi les finalistes du concours YICCA (Young International Contest of Contemporary Art) — l’étape de Zurich s’inscrit dans une stratégie d’exposition internationale. Elle précède une tournée en Asie, avec des présentations prévues à Séoul puis à Tokyo. Chaque lieu infléchit la lecture de l’œuvre : en France, elle s’est inscrite dans l’hommage aux trente ans du QR code ; en Italie, elle a été reconnue par un jury de commissaires d’exposition et de curateurs internationaux ; en Suisse, elle s’est confrontée à l’espace public et au flux massif des voyageurs. Ces recontextualisations successives donnent à l’œuvre une dimension critique : celle d’une pièce en mouvement, qui interroge sans cesse sa propre réception.
En présentant The Architect of the Invisible dans des cadres variés — salons, concours, expositions publiques — qargo inscrit son travail dans un dialogue avec l’ensemble des acteurs de l’art : commissaires d’exposition, curateurs, collectionneurs d’art. Chacun est invité à interroger la portée de cette rencontre entre LEGO et QR code, entre figure inspirante et mémoire numérique. L’œuvre n’est pas conçue comme un objet clos, mais comme un vecteur de communication qui ouvre des récits, prolonge des héritages et questionne notre rapport collectif aux images et aux signes.
Avec The Architect of the Invisible, qargo construit une réflexion originale sur la façon dont l’art LEGO peut dépasser le registre du jeu ou du design pour s’inscrire dans une écriture critique. Le LEGO® devient ici un matériau de mémoire, à la fois rigide et modulable, capable de donner forme à une pensée contemporaine. Face à lui, le QR code incarne le langage du présent, un code simple mais universel, qui permet de préserver et de transmettre. À Zurich, cette articulation entre matière et code, entre l’enfance et la haute technologie, a offert aux visiteurs une expérience à la fois visuelle, tactile et narrative. Une œuvre qui ne se contente pas de représenter, mais qui invite à parcourir, à lire et à prolonger le geste artistique par l’acte même du spectateur.