Un beau jour de l’automne 2022, je suis dans mon taxi qui me ramène de l’aéroport après un merveilleux séjour en Asie.

Englué dans la circulation parisienne infernale, je prends mon mal en patience, ça fait 20h que je suis parti de mon hôtel à Bangkok et j’ai encore 2h de route pour rentrer chez moi. La radio crépite et déverse ses mauvaises nouvelles sans répit. Le monde sort à peine d’une période difficile liée à une pandémie exceptionnelle et la guerre en Ukraine a pris le relais. Plus d’essence, plus d’électricité, plus d’énergie, plus de Doliprane, plus de voiture, difficulté d’accès à l’emprunt bancaire, hôpitaux à nouveau saturés, la radio nous promet en plus une inflation galopante, des pénuries à venir, un climat déréglé, un hiver sans électricité et des catastrophes à venir.

En cette journée du 30 novembre, le bleu nous vient du Qatar, sorte de mini-parenthèse positive dans le contexte. Avec un stop à Doha, l’avion est rempli de français qui reviennent joyeux après une qualification de notre équipe nationale en 8ème de finale de Coupe du Monde malgré leur défaite du jour 1-0 contre la Tunisie.

22h plus tard, je franchis enfin la porte de ma maison. Le temps de prendre une rapide douche et d’avaler un café, j’entame ma longue journée de travail comme à chaque fois que je reviens d’un long voyage de ce type, ce que je fais pour m’évader depuis déjà 10 ans une à deux fois par an.

Je n’imaginais pas en 2010 lorsque j’ai découvert pour la première fois l’Asie et tout particulièrement ce beau pays qu’est la Thaïlande, que ce voyage en famille allait changer ma façon de penser, de voir les choses, de raisonner.

Je n’imaginais pas à quel point les rencontres locales allaient m’aider à évoluer et mieux comprendre le sens de la vie, de la famille, des autres et de soi.

Depuis cette année-là, j’y suis retourné une vingtaine de fois. L’architecture de Bangkok est extraordinaire, la ville elle-même est captivante, sorte de melting-pot de cultures, de couleurs, de religions, chargée d’une histoire marquée par un roi exceptionnel et des gens formidables, accueillants, souriants, foncièrement gentils et aidants. Fin 2016, je découvrais la construction d’une tour un peu spéciale que les locaux appelaient la pixel tower. J’admirais cet édifice à chaque fois que je rentrais dans mon hôtel situé quasiment au pied de cette tour étrange…

En 2018, lorsque l’attraction a ouvert ses portes au public, j’ai réservé des billets m’assurant au préalable de l’heure du coucher de soleil pour admirer cette vue magique d’un coucher de soleil incroyable sur la ville. L’expérience fut dingue, ce moment où l’on est suspendu dans le vide au-dessus des voitures et des toits d’immeuble sur une plateforme en verre perchée en haut des 314 m de l’édifice.

L’expérience était en effet incroyable, une DJ alternait mixage de sons electro et saxophone, le soleil descendait progressivement et la lumière orange envahissait l’atmosphère. C’est aussi dans le hall de cette tour que j’ai découvert pour la première fois le fameux QR code utilisé en moyen de paiement dans un distributeur de boissons. Le visuel était tellement avant-gardiste et différent de ce que nous connaissions en Europe que je m’étais alors intéresser au parcours de Masahiro Hara qui avait conçu cette extraordinaire « invention » – qui allait révolutionner notre quotidien par la suite. C’est en associant des carrés et des points disposés comme dans le jeu de go que Hara avait mis au point ce modèle disruptif permettant de stocker et transmettre des informations avec nos smartphones. Tellement inspirant.

Peu de temps avant ce dernier voyage, nous étions aller dîner chez des amis. A mon arrivée, j’avais immédiatement reconnu dans leur salon un « Invader » en résine que mon ami venait d’acheter. Space invaders : THE GAME, mon 1er jeu vidéo à la fin des années 70. Il y aura une floppée par la suite : Pac-Man, Mario-Bros, Tetris, Sim-City, Boulder Dash sans oublier les jeux plus traditionnels comme les Lego bien-sûr toujours et encore et autre Rubik’s cube. Tous ces jeux qui ont en commun d’afficher généreusement leurs pixels…

Je ne sais pas dire précisément ce que ce voyage déclencha mais les retrouvailles avec mon « invader » suscitèrent une inspiration instantanée.

Pixel tower, lego, Invader, Tetris, Rubik’s cube, QR code, Masahiro Hara, envie irrésistible de créer, qargo qui est la connexion de tous ces éléments était né. Le pixel, plus qu’une source d’inspiration, une réalité qui m’accompagne depuis mon plus jeune âge.